MISE A JOUR : 18/06/2005 13:41:08

 

HISTORIQUE DU PREMIER BEVEZIERS 1932 - 1946

            

 

HISTORIQUE DU SOUS MARINS A DOUBLE COQUE TYPE 1500 TONNES " BEVEZIERS"

Documents et photos  MAÎTRE GODIN

 

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PROCHAINEMENT HISTORIQUE DE CE BATIMENT EN CONSTRUCTION

                                                 

Le Béveziers
Mis en service en 1935.
Basé aux Antilles, le Béveziers rejoint Halifax, puis l'A.O.F.
Il se trouve à Dakar lors du coup de force Franco-Britannique de septembre 1940 et parvient à torpiller le HMS Résolution le 25 septembre 1940.
De retour à Toulon en janvier 1941, il est redéployé à Madagascar en mars 1942.
Il participe au ravitaillement du blocus de Djibouti. Il sera coulé le 5 mai 1942 à Diego-Suarez par des avions Britanniques (Swordfish et Albacore). Renfloué par les alliés en avril 1943, puis mis en réserve, il sera finalement condamné le 26 décembre 1946.

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Document AUSINA MARCEL


III) Le premier Béveziers.

Quand une marine veut marquer son attachement à un fait ou à un personnage, elle l'utilise pour baptiser ses bâtiments. Tourville fut souvent à l'honneur, aussi bien du temps de la Marine à voile que du temps de la Marine moderne. A la fin du XIXème siècle un croiseur portait son nom. Il fut repris par le même type de bâtiment en 1945, puis par une frégate de lutte anti-sous-marine récemment. A chaque fois le nom de Béveziers apparaissait indirectement sur ces navires, par l'intermédiaire d'une des tourelles de tir qui était ainsi baptisée. Mais il faut attendre 1932 pour qu'enfin un bâtiment porte le nom de cette victoire navale: un sous-marin de 1500 tonnes du type Agosta, sa tape de bouche ne pouvait que reprendre le thème de la médaille frappée à la fin du XVllème siècle, sur ordre du Roi.

Mis en chantier à l'arsenal de Cherbourg en 1932, il est lancé le 14 octobre 1935 et entre en service en l'année 1936. Ses frères ont pour nom: Agosta, Ouessant et Sidi Ferruch. A l'ouverture des hostilités en 1939, il appartient à la 8 ème division de sous­

marins basée à Brest. En octobre, il est envoyé aux Antilles où il assure des missions de surveillance. En décembre, il participe, avec l'Aposta, à la recherche du pétrolier-ravitailleur allemand Alnnark. Ce dernier accompagnait dans ses déplacements le cuirassé de poche allemand Graf Spee. Au premier trimestre de 1940, il participe à diverses missions d'escortes de convois en direction d'Halifax8. Après avoir effectué un petit carénage à Brest en mai, il est envoyé, le 5 juin, à Casablanca puis, le 9 juillet, à Dakar. C'est là, qu'il subit avec son commandant, le capitaine de corvette Lancelot, et son équipage, l'attaque par les forces anglaises. Le 25 septembre, il lance quatre torpilles sur le cuirassé H.M.S. Résolution, qui est sérieusement atteint. Cette action contribue grandement à l'éloignement de la flotte britannique.

 

Après avoir rempli diverses missions dans le golfe de Guinée, Le Béveziers est envoyé à Casablanca le 13 décembre 1940, puis le 3 janvier 1941 à Toulon. L'amiral de Laborde vient à son bord passer une inspection et féliciter l'équipage pour sa tenue à Dakar. Le 9janvier, une commission d'armistice italo-allemande visite le bâtiment, qui est placé en gardiennage en attendant un grand carénage. Le 3 janvier 1942, escorté par le Ouercv, il appareille pour Madagascar et arrive à Diégo Suarez le 19 mars. Du 6 au 25 avril, avec le Bougainville. il effectue une mission sur Djibouti. Le 5 mai 1942, au cours de l'attaque de Madagascar par les forces britanniques et les F.N.F.L.9, il est grenadé par des Swordfish anglais et coulé. A son bord on relève cinq morts. Renfloué, il est mis, en réserve, puis condamné le 26 décembre 1946.

IV) Souvenirs du Quartier-maître timonier Marcel Chateau. (propos recueillis par S. Boivin en 1995). Caractéristiques générales :

Déplacement en surface               1570 tonnes

Déplacement en plongée:              2084 Tonnes  

longueur:                                      92.30 m 

Largeur:                                         8.15 m

moteurs:                                       2 diesels de 3000 à 4500 ch (Sulzer)  

                                                    2 électriques de 1000 à 1200 ch 

Vitesse:                                         17 à 20 nds en surface 

                                                     Béveziers atteint 21 nds aux essais

                                                     10 à 11 nds en plongée 

Distance franchissable:                   10 000 milles à 10 nds.  

        

Effectifs                                        4 officiers, 16 Officiers-mariniers et 47 hommes d'équipages.  

                                                    Le bâtiment pouvait accueillir au maximum 73 personnes

Armement :                                  4 tubes lance-torpilles d'étrave de 550 mm.

                                                   3 tubes lance-torpilles, en tourelle orientable au milieu, de 550 mm.

                                                   2 tubes lance-torpilles de 550 mm et 2 de 400, en tourelle orientable arrière.

                                                   2 torpilles en réserve dans la cale avant.  

                                                   1 canon de 100 mm avec 200 charges en réserve. 2 mitrailleuses (Hotchkiss) de 13/2 sur affut A/A 2  

                                                   fusils-mitrailleurs.

   12 mousquetons, 2 pistolets 7/65, pour l'équipe de prise ou la compagnie de débarquement.

 

Le sous-main Béveziers est mis sur cale, en 1932, à Cherbourg, lancé le 14 octobre 1935, en campagne d'essais à partir du ler janvier 1936, admis au service actif en 1937. Il est alors intégré aux forces sous-marine de la 2ème région maritime, celle de Brest (Amiral Ouest). Il est affecté à la huitième division de sous-marins avec trois autres de ses congénères issus de la même série, l'Agosta, l'Ouessant, le Sidi Ferruch. Le chef de division étant l'Agosta. Cette huitième division, avec la sixième, la quatrième et la deuxième, fait partie de la quatrième Escadrille sous-marine.

 

Théoriquement. ce type de sous-marin d'escadre a pour rôle essentiel, d'attaquer les bâtiments de guerre naviguant en .surface. Ses caractéristiques propres font, que dans la majorité des cas, il résiste mal aux grenadages et aux longues croisières. A l'intérieur, le manque de place pour les vivres frais10 (Après une semaine à la mer l'ensemble de l'équipage devait manger des conserves. Les repas se prennent assis par terre dans les coursives. Le Béveziers ne fut jamais ravitaillé à la mer.) et sa médiocre habitabilité (une couchette pour deux ou trois hommes, selon le nombre de personnes embarquées) rendent la vie des hommes difficile. Les Officiers sont un peu mieux logés que les autres, mais le confort est tout relatif. Ses barres de plongée sont fragiles d'où la multiplication des dangers par forte mer ou lors de grenadages prolongés. Sa puissance de feu est réelle, mais il ne dispose pas assez de torpilles de réserve. Il peut plonger en 40 ou 60 secondes, en cas d'extrême urgence avec un équipage entraîné. L'immersion périscopique se situe à 15 mètres, l'immersion de combat à 30 mètres, l'immersion moyenne à 80 mètres, en essai entre 100 et 110 mètres, en phase critique à 120 mètres] 11.

 Au mouillage, la cuisine intérieure est abandonnée au profit de la cuisine extérieure située en arrière du kiosque, en dessous de la baignoire. Elle fonctionne avec un poêle à mazout ou au charbon; adapté, directement sur l'arrière du kiosque, un tuyau

10-Dans la partie I V les données en italiques ne sont pas des propos de M. Château.

11 Profondeur atteinte par le .Sidi Ferruch lors d'un accident de plongée au large du goulet de Brest.

de poêle laissant échapper les fumées, ce qui très souvent faisait dire aux matelots du bord : "que le sous-marin fonctionnait à la vapeur". Les visiteurs ou les passants sur le quai le croyaient souvent!!! Un jour ou le Commandant recevait des invités, le cuisinier cherchant à allumer son poêle avec de l'essence, en mis trop, si bien que lorsqu'il craqua l'allumette tout sauta. Le tuyau extérieur se transforma en fusée et le pauvre cuisinier en mineur de fond. Le repas, faute de cuisine, fut annulé en urgence. Aux beaux jours, lorsque le bâtiment était à quai, les repas se déroulaient sur le pont extérieur, avec tables et bancs.

Activités du Béveziers

1932                Mise sur cale à Cherbourg, début du chantier.

1935

14 octobre                  Lancement du Béveziers.

20 décembre               Prise de commandement du Capitaine de Corvette Barjot.

1936

1 janvier                      Armement pour essais, avec un équipage de 4 Officiers. 16 Officiers mariniers et 47 hommes d'équipages.

1937                           Admission au service actif.  

15 septembre                   Prise de commandement du Lieutenant de Vaisseau Nicolas.  

1938

13 avril                   Croisière d'endurance en Amérique latine (Casablanca Dakar Rio de Janeiro-Bahia) et retour à Brest avec escale aux Açores                                          (Punta­Delgada).

20 juillet                             Brest : entrée du bâtiment en petit carénage dans la cale Tourville, permissions pour Noël. Retour à Laninon pour le jour de                                          l'an. Etant en période de paix, le bâtiment est peint dans une couleur claire et le kiosque en blanc.  

1939

1 janvier-17 février                   Exercices avec l'Escadre, lancement de torpilles, tir au canon. 

                                             Changement de batteries.

26 janvier                                Le Béveziers et le Sidi Ferruch appareillent pour une croisière dans l'Atlantique.

31 janvier - 6 février                  Escale à Casablanca des deux bâtiments. Escale à Safi..  

17 février                                  Retour sur Brest

mars avril                         Nombreuses sorties à la mer, accélération des exercices divers.

11 mai 20 juin                     Retour sur Cherbourg pour travaux sur les diesels et les circuits

                                         hydrauliques.

                                         Retour à Brest, entrée en grand carénage.

20 juin                               Alternance d'essais et d'exercices. La tension monte en Europe,

                                         les permissionnaires sont rappelés.

13-14 juillet                        Mouillage devant les Sables-d'Olonne pour la Fête nationale.

                                         Exercices en baie de Douamenez.

20 juillet                             Rappel des réservistes. Mouillage à Laninon.

août septembre                  Quelques petits appareillages suivis d'exercices. Attente des

                                         événements. Le bâtiment est à 48 heures d'appareillage, les permissions sont suspendues. La guerre étant déclarée, la                                          peinture du bâtiment est refaite. Devant opérer dans l'Atlantique, le Béveziers devient vert foncé, tirant vers le noir. 

14 octobre                         Appareillage du Béveziers et du Sidi-Ferruch, direction les Antilles (destination précise inconnue de l'équipage).

15-26 octobre                     A la mer.

27 octobre                         15 heures, mouillage à Pointe-à-Pitre. 

28-29 octobre                     A quai, à Pointe-à-Pitre. 

30 octobre                          Appareillage pour Fort-de-France. 

1-2 novembre                      A quai, à Fort-de-France.

3 novembre                         19 heures appareillage en compagnie de l'Aeosta. Patrouille de surveillance dans une                                            zone circulaire de 240 milles de rayon, centrée sur le point 25°N-55°W.

4-12 novembre                     A la mer.

13 novembre                        Mouillage à Fort-de-France­

14-30 novembre                   A quai, à Fort-de-France. 

1 décembre                          Appareillage pour Trinidad.

2 décembre                          Mouillage à Trinidad, ravitaillement à Port-of-Spain. 

3 décembre                          Appareillage, patrouille de surveillance de la route des navires en provenance de Caracas.

3-8 décembre                       A la mer. Poursuivons recherche. Ordre de rallier Fort-de-France. Sur la route du retour avons l'ordre de mettre le cap                                            sur Maracaïbo, à la recherche du pétrolier allemand Nordeer.

17 décembre                        Ordre de rallier Fort-de-France.

18 - 19 décembre                 Mouillage à Fort-de-France.

20 décembre                         Appareillage. Recherche du pétrolier ravitailleur allemand Altnark signalé dans la zone 9°58N et 5°02N-42°02W. Ce                                            pétrolier accompagnait dans ses déplacements le cuirassé de poche allemand GrafSpee.

21-31                                   A la mer.


1940

1 janvier                          7 h mouillage à Fort-de-France (Fort Louis). Repos, nous couchons dans le fort et apprécions les lits et la fraîcheur                                        des chambrées. Excursions dans l'île.

10 janvier                         Appareillage suivi d'exercices à la mer. Mouillage dans la baie de Saint-Pierre.

11 janvier                         Appareillage. Grande difficulté pour décoller l'ancre du fond, 1/2 heure d'effort, marche A/V et A/R, avons certainement                                         crocher une épave. Retour à Fort-de-France. Mouillage à Fort-de-France.

16 janvier                         Appareillage pour Trinidad, accostage à Port-of-Spain à couple d'une corvette anglaise. Admirons la discipline de la Royal                                        Navy, et échangeons du vin contre des cigarettes. 

17-19 janvier                     Maintien au mouillage aux côtés des britanniques. 

20 janvier                          Appareillage, patrouille au large des bouches de l'Orénoque. 

21 janvier - 7 février           A la mer.

8-18 février                      Mouillage à Pointe-à-Pitre.

19 février                         Appareillage et transit sur Fort-de-France.

20-28 février                     Mouillage à Fort-de-France. Distribution pour tout l'équipage de lainages et de couvertures.

29 février                          Appareillage pour une destination inconnue. 

29 février - 4 mars             A la mer.

4 mars                              16 heures arrivée à Saint-Georges (Bermudes), réception par les autorités de la ville (buffet et bal).

5 mars                              20 heures appareillage, destination Halifax.

7 mars                                A la mer. Alerte, cargo inconnu en vue, mesure d'arraisonnement. Deux coups de semonce au canon, distance 5000 m.                                           Le cargo refuse d'obtempérer et accélère son allure. Marchons 19 nds, la coque est sale, résultat nous perdons le                                           contact avec le cargo qui est plus rapide. L'équipage enrage de perdre ce contact. (Peut-être le vapeur anglais South                                          Gaie

9 mars                                Arrivée à Halifax. Accostage au flan du croiseur auxiliaire Ascania (ex-paquebot), il fait froid, environ -15°.

10 12 mars                        Profitons du confort de l'Ascania, visite de la ville et des environs. Accueil chaleureux de la part de la population locale. 21-29 mars                        Appareillage avec le croiseur auxiliaire Alaunia. Escorte du convoi HX-29. Froid intense à bord, nous souffrons de la                                         condensation. Mer très agitée, nous roulons bord sur bord. Mis à la cape, creux estimés par l'officier mécanicien entre 15                                         et 18 m. Le convoi est


                                        perdu de vue, vaine tentative et pour le rejoindre. Ordre nous est donné de rejoindre Halifax.

30 mars                            Retour à Halifax, accostage au flanc de l'Ascania. Couchons à bord de ce. navire et apprécions particulièrement le       confort des cabines de deuxième classe.

30 mars-5 avril                     Au flanc de l'Ascania. Chaleur, confort, détente. Visite de la ville et des environs, réceptions dans les familles                                            canadiennes.

6 avril                                 Appareillage avec le croiseur auxiliaire Ascania. Escorte du convoi HX-33.

7-16 avril                     Marchons très lentement, blocs de glace à éviter, vieux cargos dont un grec qui à une vache sur le pont. Ce bâtiment ne respecte pas les ordres du Commodore, et surtout ne tient pas compte des ordres de changement d'allure ou de cap. Sommes sur son flanc bâbord, la nuit veille renforcée, nous craignons tous un abordage. Plusieurs alertes, le vent force considérablement et la mer se forme. Aux environs de 20 heures la mer est très grosse et la vache a disparu.

                                   Position 51°46N-21°IOW. Prenons la cape et perdons le convoi, nous embarquons beaucoup d'eau. L'équipage est malade,                                     impossible d'avoir des repas chauds. Suite à une erreur de barre nous prenons une gîte terrible (moment d'angoisse intense).                                     L'indicateur de gîte bâbord se bloque sur sa butée. L'aspiration des diesels se fait par le panneau du poste central. Nous                                     crevons de froid, les batteries déversent (chlore plus eau de mer = vie à bord plus que difficile). Les pompes d'épuisement                                     fonctionnent toutes les heures. Le moral reste, en partie bon, grâce au "pinard" des Services d'Approvisionnement de                                   l'Ordinaire et surtout au rhum de la Martinique.

19 avril                        19 avril                        Ordre de rejoindre Brest. La tempête se calme, nous apercevons l'bnpétueuse venue à notre rencontre.

20 avril                         Oh30 arrivée en rade de Brest. 7h30 mouillage à Laninon après six mois de croisière.

21 avril                         Les permissionnaires partent dans leurs familles. Entrée du navire en petit carénage.

20 mai                         Sortie de petit carénage.

21 mai                         Prise de commandement du Lieutenant de vaisseau Lancelot.

24 mai                         Situation difficile sur le front.

28 mai                          Appareillage, essais des diesels, plongée à 110 m devant Morgat, puis retour sur Brest.


Quai de Laninon, embarquement de matériels, torpilles, munitions, vivres, vêtements, casques coloniaux, remplissage de fuel maximum.

13 h le samedi, appareillage pour une destination inconnue. Mouillage à Casablanca.

A quai à Casablanca. L'équipage couche au cercle nautique. Ecoutons la radio, les nouvelles en provenance de la métropole sont mauvaises. Le Béve-iers change de nouveau de couleur, le vert clair est de rigueur dans ces eaux plus limpides.

7h30 appareillage, patrouille au large de Casablanca. A quai vers 17 h.

A quai à Casablanca. Le 18 nous avons appris le sabordage à 19h30 des sous-marins Achille, Aposta et Ouessant.

Appareillage, patrouille vers les Canaries à la recherche d'un sous­marin allemand.

A la mer et retour sur Casablanca. Vie à Casablanca.

Apprenons, sans y croire vraiment, l'agression de Mers-el-Kébir par les Anglais. Dans la nuit, nous avons confirmation du désastre. Colère générale et consternation dans les équipages. 8 h envoi des couleurs, les pavillons sont mis en berne. 19h30 ce jeudi, appareillage pour une destination inconnue. A la mer.

6 heures arrivons en plongée devant la cap Manuel, annonçant le

port de Dakar. Bâtiments anglais signalés. Pas de contact, surface, mouillage à quai vers 8 heures.

Débarquement des recrutés et des engagés ayant effectués 2 et 3 ans à bord (Baudouin, Jacob, Devos, Colomine, Obled). Embarquons le quartier-maître Jault.

Patrouille aux alentours de Dakar.

A quai avec les sous-marins Persée et Ajax­

Démontage du diesel tribord, soufflante de balayage et centrale hydro. Après 12 heure nous entendons en énorme bruit suivi d'une formidable explosion. Il s'agit de la première salve de 380 mm des Anglais.

Le Persée et l'Aiax sont aux postes d'appareillage.

Le Richelieu est encadré par les salves, un remorqueur (Le Bufe) déhale son arrière pour rendre battante sont artillerie principale. Les salves de 380 mm commencent à faire des dégâts aux alentours. Nous embarquons notre matériel aussi vite que possible. A la fin de l'après-midi nous apprenons la perte du Persée- Pas de détails ???


Par équipe nous travaillons jusqu'à une heure du matin pour remonter le matériel. A 4 h le branle-bas est sonné, café, poste d'appareillage. A 4h45 nous sortons de la rade à raser l'arrière du Richelieu.qui à une position oblique par rapport au quai. Devant Gorée, poste de combat, plongée périscopique 15 mètres. 9h15 premières attaques aériennes par les avions de l'Ark Roval. Violentes explosions, très proche. Les bombardiers nous repèrent assez facilement, notre coque étant peinte en rouge minium. La journée se passe entre période de calme et de bombardements. Vers 19 h route sur Dakar. Surface devant Gorée. Fin du poste de combat. A quai, vers 20h20 mise en charge des batteries avec le diesel disponible. Continuons réparations. Apprenons la disparition de l'Aiar. Le moral n'est pas au beau fixe. Nuit agitée, le sommeil ne vient pas ?????

25 septembre               4 h branle-bas, même mouvement que la veille, filons vers le large, portes étanches souquées, poste de combat. L'aviation anglaise ne nous repère pas. Merci à la chasse française qui le 24 juillet avait fait le nettoyage aux environs du port de Dakar. Vers 8 h l'escadre anglaise est en vue, nous commençons l'approche.

 

Situation du personnel dans le kiosque et au poste central

 

Kiosque                            Commandant Lancelot.

Officier en Troisième ???????

Quartier-maître Kergadalan, conjugateur de tir. 

Quartier-maître bosco ?????? barre de direction.

 

Poste central                           Officier en Second, Lieutenant de Vaisseau Jodon.

                                                 Ingénieur mécanicien Poncet. 

                                               Quartier-maître Chateau à la barre de plongée AN. 

                                              Quartier-maître Le Balch à la barre de plongée A/R. 

                                              Quartier maître Lagalisse au tableau de purge. 

                                              Second-maître radio ??????? 

                                              Second-maître mécanicien ???????

 

9 h ordre de lancement 41-3-2. "Torpilles parties" annonce par le porte-voix le quartier-maître Jault. Une longue minute d'attente et nous percevons le bruit d'une explosion. En avant 6, plongée 30 mètres. Entendons bruit d'hélices, stoppons les moteurs et la


ventilation, le bâtiment est lourd de l'avant, pas facile de tenir l'assiette. Le torpilleur anglais s'approche à toute vitesse, premier passage. L'explosion des grenades est terrible, les disjoncteurs sautent, passons sur éclairage de secours. Le sondeur s'arrache de son support et tombe sur le gyro-compas qui déclenche sa sonnerie d'alerte. Le second électricien étouffe le bruit avec une couverture. Pas de ventilation, la température monte vite. Deuxième passage plus près, le plancher du poste ondule, les niveaux et les ampoules éclatent, nous sommes dans le noir, je crois que nous avons tous une sacrée angoisse. J'entends la voix de l'officier en second Jodon annoncer : "A tous les postes rendez compte des avaries". Les réponses positives arrivent de tous les compartiments, tout va bien. Troisième et quatrième passages trop loin, le torpilleur nous a perdu. Remise en route de la ventilation, le second électricien a maîtrisé le gyro-compas, repassons sur éclairage normal. On ne sait pas encore quel a été l'impact de nos torpilles. Ce n'est qu'en arrivant à Dakar que nous apprenons que le cuirassé HMS Résolution a été touché par le travers tribord, par une ou peut-être deux de nos torpilles, Mers-el-Kébir est vengé. A 14 h nous rentrons dans Dakar, tous les équipages des bâtiments de l'escadre et du commerce sont aux postes de bande. Les quais sont noirs de monde, acclamations nourries, émotion à bord intense. Mouillage à quai, défilé des autorités à bord. Repos bien mérité pour tout l'équipage.

 

26 septembre               Reprenons le train-train habituel.

27 septembre               Invitation à bord du Richelieu. Prise d'armes et remise de la Croix de Guerre à tous les membres de l'équipage du Béve-iers. 28 septembre-6 novembre

Remise en état du bâtiment. Effaçons cette fameuse peinture rouge. Embarquons de grosse quantité d'huile d'arachide (combustible pour les diesels), et préparons le départ.

6 novembre                  16 heures embarquement d'un mystérieux passager civil. Ce dernier s'installe au carré officiers et n'en bouge pas. L'officier en troisième lui laisse son couchage. Qui est ce passager mystère ????? Départ de Dakar.

12 novembre               A la mer, l'échappement des diesels sent la friture, pas de contact avec le passager civil pour les membres de l'équipage.

20 novembre                 Arrivons devant Victoria l'avant port de Douala. Mouillage à quai devant le magasin des douanes. Sur le quai une douzaine de militaires de tous grades, quelques civils. La coupée en place, le

-16


civil saute à terre et disparaît suivi des militaires et des civils. Descente à terre interdite pour le bord. Sur le quai, trois africains, vendeurs de bimbeloterie, l'un d'eux nous dit que nous sommes "en terre gaulliste", stupeur de plusieurs d'entres nous. 19 h envoi des couleurs. On retire la coupée, un petit remorqueur arrive, nous écarte du quai, une équipe de dockers intercale un radeau entre le Béveziers et le quai.

Un factionnaire en armes est maintenu dans le kiosque.

21 novembre                8 h envoi des couleurs, sur le quai quelques curieux. Appareillage en route pour une destination inconnue. Apercevons le mont Cameroun couvert de neige.

22 novembre                Devant Libreville, avons rendez-vous avec l'aviso D'Iberville et le

cargo Tours. Nous restons sur place, pêchons un requin.

23 novembre                En route pour Lomé. Dans la soirée mouillage, descente à terre.

24 novembre                Même programme que ta veille.

25 novembre                En route pour Cotonou. Après-midi mouillage puis descente à terre.

26 novembre                Même programme que la veille.

27 novembre                Appareillage pour Conakry.

3 décembre                  14 h mouillage en rade de Conakry.

4 décembre                  Excursion. Par chemin de fer nous nous rendons à Kindia. Visite

de l'Institut Pasteuria, élevage de serpents, démonstration de

récolte de venin.

5 décembre                  Appareillage pour Dakar.

7 décembre                  Devant Dakar, à la hauteur de Gorée, suite à une fausse manoeuvre une torpille de 400 mm est expulsée de son tube. Elle tombe à la mer et disparaît. Nous apprenons la perte du Poncelet dans les eaux où nous étions précédemment.

11 décembre               Appareillage pour Casablanca.

12 décembre                16 h arrivée à Casablanca, descente à terre pour l'équipage.

13-14 décembre            Exercices en mer. Profitons de l'escale pour faire une excursion jusqu'à Marrakech.

14 décembre               Appareillage pour rentrer en France, via Oran.

15 décembre                 11 h environ, apercevons Gibraltar, marchons à petite allure. Frégate anglaise apparaît sur notre arrière bâbord, nous remonte rapidement et règle son allure sur la notre. Nous sommes à 300 mètres l'un de l'autre. Nous avons droit au salut, même politesse de notre part. Pendant une bonne heure nous naviguons de conserve et au revoir.

16 décembre                Mouillage à Oran.

17-29 décembre           A quai, à Oran.


30 décembre                Appareillage pour Toulon. 1941

1 janvier                      Mer très agitée. Mais, malgré tout, l'équipage fête le nouvel an à bord.

2janvier                       Mer très agitée, on se rapproche de Toulon.

3 janvier                      Arrivée à Toulon. I0h30 mouillage près du sème dépôt. Sur le quai une compagnie de fusilier-marins présente les armes. Ordre de prendre la tenue n° 1. Attendons la venue de l'Amiral de Laborde. Inspection, félicitations, à 12 h dégagement.

45 janvier              Permissions pour ceux qui ont de la famille en zone libre, les autres il faut attendre des familles d'accueil.

6-8 janvier                   Débarquons torpilles, munitions, périscopes. Avec un camaradeje profite de cette période pour récupérer la tape de bouche du navire, sachant que la commission d'armistice venant à bord, il y avait peu de chance pour qu'on la retrouve après son passage.

9janvier                       La commission d'armistice italo-allemande monte à bord. "Le rital est un prétentieux, hautain, qui pose des questions idiotes. Le boche ne dit rien.". Le Lieutenant de Vaisseau Jodon, officier en second est promu Capitaine de Corvette.

10janvier                     Le Béveziers entre en gardiennage d'armistice.

12janvier                      Entrons en bassin de grand carénage. Le commandant Lancelot quitte le Béve-iers. La moitié de l'équipage doit se rendre à Missiessy12 (Compagnie de garde) et attendre une nouvelle affectation.

18 janvier                     Le Capitaine de Corvette Jodon débarque et prend le commandement du sous-marin Arethuse. Il deviendra plus tard Contre-Amiral.

15 septembre              Le Béveziers est prévu dans le groupe de relève des sous-marins dés la fin de son carénage.

1 octobre                    Le Lieutenant de Vaisseau Richard prend le commandement du Béveziers.

27 octobre                  Fin du grand carénage.

 

1942

 

3 janvier                     Départ de Toulon pour Casablanca avec le uer et le Centaure. 7-9 janvier Escale à Casablanca.

l0 janvier                    Départ avec le uer pour Da.(ar.

12 Quartier de l'arsenal de Toulon.


14 janvier-13 février Séjour à Dakar.

14 mars                     Arrivée à Fort Dauphin (Madagascar), le Ouercv poursuit jusqu'à Tamatave.

15 mars                      Le Béveziers part avec le d'Entrecasteaux en direction de Tamatave.

17 mars                     A quai à Twnatave.

19 mars                      Arrivée à Diego Suarez. Le Béveziers retrouve sur place les sous­

marins Monoe et Héros. Patrouilles en commun.

6 avril                        Le Béveziers et le Bougainville partent pour Djibouti.

13 avril                      Arrivée à Djibouti.

25 avril                      Retour mission accomplie du sous-marin à Diego Suarez.

5 mai                          Vers 6 h le Béveziers appareille. 1a faible profondeur de la darse ne le met pas à l'abri des avions porteurs de grenades sous­marines. Trois Swordfish lancent chacun une grenade. Le Béveziers est atteint il dérive, puis est de nouveau touché.

A 6h 10 il commence à couler son équipage le quitte, il -y 5 morts à bord. Le numéro de coque du Béveziers était alors le 13.

 

Il est renfloué en avril 1943 ou 1944 ou 1945 ??????, puis mis en réserve et condamné le 26 décembre 1946 par ordre n°1204 EMG M/1.

 

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* Le livre d'or du sous-marin Béveziers Bibliothèque de la Marine à Cherbourg.

 

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`Actes du XXVè congrès des Sociétés Historiques et Archéologiques de Normandie (4-7 octobre 1990), communications de Vergé-Franeeschi (M.), de Z) sberg (A).

DOCUMENT AGAASM CAEN Section Bévéziers